VISITE AU RWANDA : 20 ANS APRÈS.

 

20 ans plus tard: Que faire de ces nombreux rapports contradictoires sur Rwanda?

RFI, CNN, TV5 ou encore Jeune Afrique sont remplis d’articles et reportages sur le Rwanda, mais avec des angles de traitement qui, de toute évidence, servent leurs auteurs avant d’informer.

Fatigué de cette cacophonie, en homme d’affaires, j’ai décidé alors d’y aller et faire mon propre reportage, article et rapport sur cette terre que j’ai quittée dans mon enfance, au début du génocide des tutsis et ceux qui les protégeaient en Avril 1994. Également, y’a-t-il réellement opportunité d’affaires dans ce beau petit pays? 

Propre: À ce propos, CNN et les autres ont vu juste. Aucun sac en plastique ne passe la première ligne d’immigration de l’aéroport de Kigali, lequel en passant, très moderne, n’a rien à envier à celui de Montréal. Aucun papier dans les rues; même celles du quartier populaire de Nyamirambo sont sans déchets. Et surtout ne jamais prendre les aliments avec vos mains, si vous ne voulez pas être sermonnés par le vendeur. La propreté est une affaires de tous sans exception au Rwanda, et il est vrai que les paysans portent des chaussures et ne m’ont semblés en être forcés par quiconque. 

Développé: Le débat: Tantôt la capitale Kigali est la seule développée au détriment des autres régions du pays, tantôt tout le Rwanda est la Suisse de l’Afrique! J’ai parcourus plus de 1400 km, de Bugesera à l’Est, en passant par Gitarama, Butare (Centre Sud) en allant à Gikongoro dans l’Ouest et Gisenyi et Ruhengeri au Nord, et ce sur de très belles routes sans nids de poule. Mon téléphone mobile a fonctionné partout, Il y avait des guichets automatiques même à Bugesera, pourtant réputé comme une région perdue du Rwanda avant 1994. J’ai vu des écoles, des hôtels sur mon passage et des centres de santé. Les câbles électriques font partie de tout le paysage rwandais. Et si cela n’est pas développement, alors qu’elle est la définition du mot développement? 

Empowerment: Vous ai-je dit que, l’une des raisons qui m’ont conduit au Rwanda était ma participation à un concours de jeunes entrepreneurs dans lequel mon entreprise avait été nominée (catégorie innovation). Devinez quoi, j’en suis revenu bredouille et même pas dans le top 3! Oui, j’ai été moi même surpris par la capacité de réflexion et la qualité entrepreneuriale de ces très jeunes Rwandais. En effet même si Kwihangira Umurimo (entrepreneurship en langue locale) est un concept nouveau au Rwanda, croyez-moi les jeunes rwandais sont sur le chemin de rattraper la jeunesse nord-américaine dans les startups world. Ils sont confiants et très compétitifs!

Les filles et les garçons semblent préoccupés par la mondialisation, plus que par de faux débats, malheureusement encore présentent dans la diaspora! Que dire aussi de cette fraîcheur que vous ressentez quand vous vous faites accueillir dans toute l’administration publique, comme privée, par ces jeunes gens dynamiques. L’obtention de ma première carte d’identité et de mon passeport rwandais n’ont nécessité que deux jours! 

Aucune considération pour les ethnies: Sur ce sujet alors, les TV5 et consorts sont dans le champ. En effet, selon ces derniers, les Rwandais n’ont pas le droit de parler d’ethnies en public sans risquer de se faire embarquer par la police! Cela m’a semblé plus comme des histoires un peu exagérées. Personnellement j’en fus le teste en parlant avec des paysans de la place des ethnies dans le Rwanda actuel et ce à plusieurs reprises et sans me cacher ni parler mugipfunsi (parler dans la main). Mon constat est que les Rwandais n’ont pas oublié ce que la politique basée sur les ethnies peut donner comme résultat.

Et surtout, les paysans semblaient résolument orientés vers la politique de la construction et du développement que j’ai appelé la politique du Results Oriented. Ils n’ont plus que faire de débats sans résultats positifs immédiats dans leurs de vies. Quant à l’impression que m’ont donné les quelques dirigeants dont j’ai eu l’occasion de rencontrer lors de l’umuganda, le Rwanda a une histoire particulière qui nécessite aussi une politique particulière. De toute évidence, cette formule produit de résultats pas mal impressionnants. Je n’ai pas vu d’enfants affamés ni portant des habits décrhirés dans tous les villages que j’ai librement visités. 

Sécuritaire: Il est vrai qu’il y a une présence policière à plusieurs carrefours, souvent non armée d’ailleurs, si ce n’est de sifflets et carnets à contraventions, pour réguler le trafic dans toutes les villes du Rwanda. Mais, pour avoir travaillé pour la sécurité publique du Québec au Canada, je vous informe qu’il y a 6000 personnes au service de la police de Montréal. Une ville de seulement 1 600 000 habitants; et que chaque policier de Montréal, est armé en permanence et a dans le coffre arrière de son véhicule autre matériel de défense très sophistiqué.

Est-ce que cela fait de Montréal une ville sous siège? À Kigali, Je me suis promené à pied la nuit et passé près de ces policiers et militaires légèrement armés sans qu’aucun d’eux ne me porte une attention particulière. Probablement que je ne ressemblais pas à un Kamikaze. En passant, saviez-vous qu’il y a plus de morts par banditisme à New York qu’à Kigali? Maintenant, laquelle de ces deux villes est sécuritaire? 

À me référant à l’historien Fernand Braudel, 20 ans plus tard, j’ai découvert un Rwanda qui sait d’où il vient et certainement où il va. La détermination et dynamisme qui animent sa jeunesse, très majoritaire dans la population, vont certainement confondre les oiseaux de malheurs.

Ma conclusion : Le Rwanda actuel est probablement le meilleur endroit en Afrique où faire les affaires. Vous ai-je dit qu’on n’y pratique même pas le bakchich comme dans beaucoup de pays voisins ? Et surtout ne l’essayez même pas! Au reste, il faut visiter le Rwanda, pour croire tout ce que je vous ai dit ici! 

 

Muhire Louis-Antoine

Jeune entrepreneur dans la diaspora Rwandaise